Motion de censure : l’impôt sur le revenu va-t-il vraiment exploser pour 35 millions de Français en 2025 ?

La phrase fait grand bruit depuis mardi. Face à la menace d’une motion de censure, Michel Barnier a brandi une hausse « automatique » d’impôts pour près de 18 millions de Français en 2025. Une augmentation qui frapperait aussi des foyers jusqu’ici non imposables. La réalité est plus nuancée.

Cette prévision s’appuie sur une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée début octobre. Sans revalorisation du barème de l’impôt en fonction de l’inflation, 17,6 millions de ménages verraient leur note s’alourdir, soit entre 30 et 35 millions de contribuables. Les plus touchés ? Les classes moyennes, qui perdraient entre 50 et 100 euros par an.

Le décret ne fait pas tout

Si le gouvernement tombe, une loi spéciale permettra certes à l’État de fonctionner en 2025. Mais son successeur conserve la possibilité de présenter un budget rectificatif avant septembre, date du nouveau montant du prélèvement à la source. Un délai suffisant pour ajuster le barème et éviter la douloureuse.

Un amendement comme solution de repli

Les députés gardent aussi une carte en main : voter un amendement pour indexer l’impôt sur l’inflation. Une manœuvre qui bloquerait net la hausse redoutée. Sur RMC, Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision à l’OFCE, tempère d’ailleurs l’alarmisme ambiant : « On peut toujours penser qu’il y aura un gouvernement qui puisse faire voter un budget avec une indexation. Et donc il est possible que ce soit quasi indolore. »

Le spectre d’une explosion fiscale agité par Michel Barnier masque une réalité politique plus complexe. Si la motion de censure aboutit, le prochain gouvernement devra certes jongler entre urgence budgétaire et stratégie fiscale. Mais les garde-fous existent. Le véritable enjeu réside plutôt dans la capacité du futur exécutif à bâtir une majorité stable pour voter les réformes structurelles dont le pays a besoin, au-delà des simples ajustements techniques du barème de l’impôt.