La rémunération des livrets réglementés s’apprête à subir une nouvelle baisse historique au 1er août. Pour un détenteur de livret A au plafond, cela représenterait 184€ de manque à gagner par an.
Le thermomètre de l’épargne française va encore descendre. Après la baisse de février qui a fait passer le livret A de 3% à 2,4%, une nouvelle chute s’annonce pour août. Cette première diminution en deux ans marquait déjà la fin des « circonstances exceptionnelles » selon la Banque de France, mais le pire est à venir : le taux pourrait s’effondrer à 1,6%, soit une perte de 0,8 point en six mois seulement.
Une mécanique implacable
Cette baisse découle d’une formule mathématique qui ne pardonne pas. Le taux du livret A se calcule sur la moyenne de deux indicateurs sur six mois : l’inflation hors tabac et le taux €STR (le taux interbancaire européen à court terme).
Or ces deux éléments plongent en 2025. L’inflation est tombée à 0,8% en mars, loin des 6,3% de début 2023. Les taux interbancaires suivent le mouvement : de 2,9% début 2025, ils sont passés à 2,3% fin mars.
Si la BCE baisse encore ses taux de 0,25% en juin – ce qui semble probable – la moyenne semestrielle du taux €STR tomberait à 2,439%. Combinée à une inflation moyenne de 0,76% sur le semestre, la formule donne mécaniquement 1,6% pour le livret A.
Une épargne qui rapporte moins que l’immobilier
Pour saisir l’ampleur du changement, prenons un exemple concret. Un détenteur de livret A au plafond (22 950€) qui touchait 688€ d’intérêts par an à 3% n’en percevrait plus que 367€ à 1,6%. Soit 321€ de moins, l’équivalent d’une mensualité de téléphone pendant 27 mois.
Cette situation inédite repositionne le livret A bien en dessous de nombreux placements. Un appartement T2 à Lille ou Toulouse peut afficher des rendements locatifs de 4 à 5% bruts. Même une assurance-vie basique en fonds euros dépasse souvent 2%.
Le LEP dans la tourmente
Le livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux revenus modestes, verrait son taux chuter de 3,5% à 2,1% selon la même logique. Mais le gouvernement pourrait intervenir pour limiter les dégâts, comme il l’a fait en février en maintenant le LEP à 3,5% au lieu des 2,9% prévus par la formule.
Que faire de son argent ?
Face à cette perspective, faut-il fuir les livrets ? Pas nécessairement. Ils gardent trois atouts majeurs : la disponibilité immédiate des fonds, l’absence totale de risque et l’exonération fiscale. Un rendement net de 1,6% équivaut à 2,15% brut pour un contribuable dans la tranche à 30%.
Pour autant, diversifier devient essentiel. Répartir 10 000€ d’épargne entre un livret A (3 000€ pour les urgences), une assurance-vie (4 000€ pour le moyen terme) et un PEA (3 000€ pour le long terme) permet de viser différents horizons tout en préservant une partie liquide.
La prochaine révision des taux, prévue pour le 1er août, tombera pile pendant les vacances. Un timing qui évitera sans doute les débats houleux, mais qui ne changera rien à la réalité des chiffres.