La chute historique qui attend le Livret A dès le 1er août

L’épargne préférée des Français traverse une zone de turbulences. Le Livret A s’apprête à subir sa plus forte dégringolade depuis quinze ans, une chute qui pourrait ramener sa rémunération de 2,40% à 1,70% dès le 1er août. Cette déconfiture touche dans le même temps le LDDS et menace de faire plonger le LEP de 3,50% à 2,20%, selon les calculs prévisionnels basés sur l’évolution récente de l’inflation et des taux européens.

Cette perspective de baisse de 0,70 point trouve ses racines dans un environnement économique transformé. L’inflation ressort à 0,9% en juin selon l’Insee, un niveau particulièrement faible comparé aux 2% enregistrés sur l’ensemble de 2024. Parallèlement, l’indice €STR, qui constitue l’autre pilier de la formule de calcul, a chuté de 3,44% fin 2024 à 2,46% fin juin 2025.

L’inflation au plus bas, les taux interbancaires plongent

Cette double contraction traduit un retournement majeur du cycle économique français. La hausse des prix se limite désormais à 0,9% sur un an, principalement portée par l’accélération des services d’hébergement et de transport, tandis que l’énergie affiche des baisses moins marquées qu’espéré. Cette désinflation progressive entamée depuis le début d’année constitue le principal moteur de la révision à venir.

Du côté des banques, les taux de refinancement européens poursuivent leur repli amorcé depuis les décisions de la Banque centrale européenne. Cette politique monétaire accommodante se répercute mécaniquement sur la rémunération des livrets réglementés, dont la formule ne laisse aucune marge d’interprétation. Les experts financiers anticipent une application stricte de cette méthode de calcul, sans intervention politique pour adoucir l’impact.

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Des marges de manœuvre encore importantes avant le plancher

Malgré cette chute annoncée, le Livret A demeure éloigné de son seuil plancher réglementaire fixé à 0,50%. Ce niveau minimal avait d’ailleurs été atteint entre février 2020 et février 2022, démontrant que les autorités n’hésitent pas à appliquer ces taux historiquement bas lorsque les conditions économiques l’exigent. Pour le LEP, cette règle impose un minimum à 1%, soit 0,50 point au-dessus du Livret A.

Les 56 millions de détenteurs d’un Livret A ne devraient toutefois pas déserter massivement ce placement malgré cette érosion de rendement. Les caractéristiques intrinsèques du produit – disponibilité immédiate, capital garanti, exonération fiscale totale – conservent leur attrait dans un contexte où les alternatives demeurent limitées. L’application stricte de la formule de calcul a été scrupuleusement respectée par les autorités, à l’exception notable du gel à 3% maintenu pendant 18 mois jusqu’en février 2025.

Cette évolution s’inscrit dans une transformation plus large du paysage de l’épargne française. La période de taux élevés touche à sa fin, contraignant les épargnants à reconsidérer leurs stratégies d’allocation. Les produits d’assurance-vie en fonds euros, les livrets bancaires non réglementés ou encore certains investissements plus risqués pourraient retrouver un regain d’intérêt face à cette érosion programmée des rendements réglementés.

La décision finale reviendra au gouverneur de la Banque de France, attendue vers la mi-juillet, avant validation par le ministre de l’Économie. Bien qu’un gel du taux actuel reste théoriquement possible, les signaux politiques ne laissent guère présager d’intervention exceptionnelle cette fois-ci.