Crédit immobilier : vers la fin de la baisse des taux

Après dix-huit mois de détente continue, les professionnels du crédit observent les premiers frémissements à la hausse sur les taux immobiliers. Cette pause dans la baisse semble marquer un tournant pour un marché qui retrouve progressivement son équilibre, mais pose de nouvelles questions sur l’évolution des conditions d’emprunt.

En ce début août 2025, les courtiers font le constat d’une stabilisation des barèmes bancaires. Les taux moyens évoluent entre 3,25 % sur 15 ans et 3,45 % sur 25 ans selon les données d’Empruntis. Des niveaux qui restent comparables au mois précédent, mais les signaux changent : plusieurs établissements annoncent déjà des ajustements de 0,05 à 0,10 point vers le haut.

Cette évolution trouve son explication dans la reprise de l’activité sur le marché immobilier. Les banques n’ont plus la même pression pour attirer les clients qu’elles avaient lors des périodes creuses. Parallèlement, leurs propres coûts de financement tendent à augmenter, réduisant leurs marges de manœuvre.

Un environnement défavorable aux nouvelles baisses

Les indicateurs économiques ne plaident pas pour un retour aux baisses. L’OAT 10 ans, référence majeure pour les taux bancaires, a progressé de 3,24 % début juillet à 3,40 % début août. Cette progression de 16 points de base reflète les tensions sur les marchés obligataires français, liées notamment aux incertitudes budgétaires.

La Banque centrale européenne a également choisi la prudence. Après une série de sept baisses depuis septembre 2024, elle a maintenu son taux de dépôt à 2 % lors de sa réunion de juillet. Cette pause dans l’assouplissement monétaire limite les perspectives de détente sur les conditions de financement.

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Les professionnels anticipent une stabilisation, voire une remontée progressive. Les établissements pourraient ajuster leurs grilles par petites touches, avec des hausses de 0,05 à 0,15 point selon les opportunités commerciales. Toutefois, cette progression devrait rester mesurée pour maintenir l’attractivité du crédit immobilier.

Des conditions préférentielles pour les meilleurs dossiers

Malgré ce contexte moins favorable, les emprunteurs disposant d’un profil solide conservent un avantage significatif. Les courtiers observent des décotes importantes pour ces clients privilégiés, avec des taux pouvant descendre sous les 3 % sur toutes les durées. Certains dossiers exceptionnels obtiennent même des financements à 2,4 % sur 20 ans ou 2,7 % sur 25 ans.

La définition du « bon profil » a évolué selon les professionnels. Au-delà des critères classiques comme les revenus élevés en CDI et l’apport personnel conséquent, les banques valorisent désormais les acquéreurs de biens à haute performance énergétique. Un logement classé A ou B au diagnostic de performance énergétique représente un gage de liquidité future qui rassure les établissements prêteurs.

La capacité de gestion budgétaire prend également une importance croissante. Un emprunteur avec 6 000 euros de revenus mensuels mais des habitudes de consommation erratiques obtiendra des conditions moins favorables qu’un couple aux revenus plus modestes mais à la gestion rigoureuse. L’historique bancaire sans incident et l’expérience préalable du crédit immobilier constituent des atouts supplémentaires dans les négociations.

Cette nouvelle donne sur le marché du crédit immobilier marque probablement la fin d’une période exceptionnellement favorable aux emprunteurs. Les mois à venir devraient confirmer cette tendance, avec des établissements moins enclins aux concessions tarifaires dans un contexte de demande soutenue. Pour les porteurs de projets, l’enjeu se déplace vers l’optimisation de leur dossier plutôt que l’attente de conditions plus avantageuses.