Budget 2026 : ce qui vous attend vraiment sans loi de finances

La France démarre l’année sans budget pour la deuxième fois consécutive. Après l’échec des négociations parlementaires, l’adoption d’une loi spéciale permettra de maintenir les finances publiques à flot, mais avec des conséquences directes pour de nombreux Français. Entre mesures figées, dispositifs bloqués et ajustements reportés, le début d’année s’annonce compliqué pour les contribuables comme pour les ménages en projet de rénovation.

La France entre dans 2026 avec un dispositif de fortune : la loi spéciale adoptée le 23 décembre reconduit provisoirement les dispositions de 2025, en attendant qu’un accord budgétaire émerge début janvier. Cette solution d’urgence, déjà utilisée l’an dernier, autorise uniquement la perception des recettes fiscales existantes et limite les dépenses aux services essentiels approuvés l’année précédente. Aucune nouvelle disposition ne peut entrer en vigueur.

Des contribuables pénalisés par le gel du barème fiscal

Sans budget définitif d’ici fin décembre, le barème de l’impôt sur le revenu ne sera pas indexé sur l’inflation comme chaque année. Cette absence de mise à jour pourrait pousser des milliers de foyers dans une tranche d’imposition supérieure, entraînant une hausse mécanique de leur contribution. Environ 200 000 ménages risquent ainsi de basculer dans l’imposition alors qu’ils en étaient auparavant exemptés.

L’impact se fera sentir dès janvier pour ceux qui actualisent leur taux de prélèvement à la source en fonction de leurs revenus estimés pour 2026. Le calcul s’effectuera sur les grilles 2025, légèrement défavorables. Cette situation restera temporaire si le Parlement adopte finalement le budget, comme ce fut le cas en février dernier. Le même scénario s’applique aux plafonds de revenus du Livret d’épargne populaire, qui ne seront pas révisés au 1er janvier.

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Plusieurs dispositifs exceptionnels se retrouvent également en suspens. L’exonération fiscale des pourboires, votée pour être prolongée jusqu’en 2028, ne sera pas reconduite automatiquement en janvier. La contribution différentielle sur les hauts revenus subit le même sort. Ces mesures devraient toutefois réapparaître dans un futur projet de loi de finances.

MaPrimeRénov’ fermée jusqu’à nouvel ordre

L’aide à la rénovation énergétique fait les frais de l’impasse budgétaire. Le guichet MaPrimeRénov’ restera fermé tant qu’aucun budget ne sera voté. Sans cadre financier adopté, l’État refuse d’accepter de nouveaux dossiers dont il ne pourrait garantir le financement dans les mois à venir. Les propriétaires devront patienter avant de déposer leurs demandes d’aide, qu’il s’agisse de travaux monogestes ou de rénovations d’ampleur.

Cette suspension, confirmée par le ministère du Logement, intervient après plusieurs interruptions déjà subies en 2025. Plus de 80 000 dossiers attendent actuellement d’être traités par l’Agence nationale de l’habitat. Les demandes déposées avant la fin 2025 devraient être honorées, mais leur traitement prendra du retard. Pour les professionnels du bâtiment, cette nouvelle pause fragilise une filière déjà éprouvée par l’instabilité du dispositif.

Au-delà du chauffage et de l’isolation, l’ensemble de la politique du logement se trouve affecté. D’autres mesures prévues, comme la création d’un statut fiscal avantageux pour les bailleurs privés, restent gelées jusqu’à l’adoption d’un budget complet. Le secteur de la transition énergétique, pourtant présenté comme prioritaire, subit de plein fouet l’instabilité politique.

Certaines réformes fiscales échappent finalement à l’application en 2026. La transformation de l’abattement de 10% sur les pensions de retraite en forfait plafonné à 2 000 euros ne verra pas le jour cette année faute de vote avant fin décembre. Les suppressions envisagées de réductions d’impôts pour affections longue durée ou frais de scolarité sont également reportées, voire abandonnées. Si ces mesures figurent toujours dans le projet de loi en discussion, elles ne pourraient au mieux s’appliquer qu’à partir de 2027, sur les revenus de 2026.

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La commission des finances doit se réunir les 8 et 9 janvier pour préparer l’examen du budget devant l’Assemblée, prévu les 12 et 13 janvier. Le gouvernement vise une adoption définitive fin janvier pour limiter les perturbations économiques. Sans texte rapidement voté, le déficit public pourrait grimper à 5,5% du PIB au lieu des 5% espérés, les investissements publics resteraient bloqués et les dotations aux collectivités gelées. La France vit ainsi au ralenti, en attendant qu’un compromis émerge entre députés et sénateurs sur les grands équilibres budgétaires.