La nouvelle est tombée le 16 juillet : le taux du Livret A, placement préféré de plus de 56 millions de Français, descendra à 1,7% dès le 1er août 2025. Cette baisse de 0,7 point depuis février marque une seconde dévaluation en six mois et constitue la diminution la plus importante depuis 2009.
La mécanique qui régit cette épargne emblématique ne pardonne pas. Calculé semestriellement par la Banque de France, le taux du Livret A dépend directement de deux variables : l’inflation et les taux interbancaires de la zone euro. Or ces deux indicateurs affichent une tendance baissière marquée. L’inflation française, qui culminait encore à 5,2% en 2022, a plongé sous les 1% au premier semestre 2025. Dans le même temps, les taux interbancaires européens ont chuté de 3,6% en août 2024 à 2,3% en mars dernier.
Une protection relative face à l’érosion monétaire
Malgré cette diminution, le ministère de l’Économie souligne que le Livret A conserve un rendement réel positif. Avec une inflation attendue autour de 1% pour 2025, les détenteurs bénéficient encore d’un gain de pouvoir d’achat de 0,7 point. Cette performance, bien qu’amoindrie, demeure supérieure à celle observée entre 2017 et 2023, où le rendement réel était souvent négatif ou nul.
Pour un épargnant moyen disposant de 7 077 euros sur son Livret A, le manque à gagner annuel s’établit à 50 euros. Les détenteurs ayant atteint le plafond de 22 950 euros voient quant à eux leurs intérêts passer de 550 à 390 euros sur une année complète. Ces montants restent néanmoins entièrement nets d’impôts et de prélèvements sociaux, contrairement aux autres placements soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30%.
L’épargne populaire bénéficie d’un traitement de faveur
Le Livret d’Épargne Populaire (LEP), réservé aux ménages aux revenus modestes, échappe partiellement à cette spirale baissière. Son taux passe certes de 3,5% à 2,7%, mais bénéficie d’un « coup de pouce » gouvernemental. La formule réglementaire prévoyait en effet une chute plus drastique à 2,2%.
Cette mesure vise à maintenir l’attractivité d’un placement qui compte désormais 12 millions de détenteurs, soit une progression de 30% en deux ans. Pourtant, près de 8 millions de Français éligibles n’ont toujours pas franchi le pas, laissant sur la table un avantage fiscal considérable.
L’évolution des taux d’épargne réglementée reflète les mutations économiques profondes que traverse l’Europe. Après une période exceptionnelle où l’inflation galopante avait dopé la rémunération des livrets jusqu’à 3%, le retour à la normale s’accompagne d’une redistribution des cartes sur le marché de l’épargne. Les fonds en euros des contrats d’assurance-vie, longtemps délaissés, retrouvent leur compétitivité avec des rendements pouvant atteindre 3,5 à 4,6% selon les contrats. Cette recomposition pousse les épargnants à diversifier leurs placements au-delà du triptyque traditionnel Livret A-LDDS-LEP, ouvrant la voie à une sophistication progressive des stratégies patrimoniales françaises.