Depuis le début de l’année 2024, l’assurance-vie connaît un véritable renouveau. Plus de 173 milliards d’euros de versements ont été enregistrés sur l’ensemble de l’exercice, établissant un nouveau record historique. La collecte nette, qui mesure la différence entre les versements et les retraits, atteint 29,4 milliards d’euros, un niveau qui n’avait pas été observé depuis plus d’une décennie. L’encours total dépasse désormais 1 989 milliards d’euros, confirmant la place centrale de ce produit dans la stratégie patrimoniale des ménages français.
Cette dynamique traduit un regain d’intérêt massif pour un placement qui semblait avoir perdu de son attrait durant la période de taux bas. Après une année 2023 plutôt mitigée, marquée par une certaine prudence des épargnants, 2024 marque un tournant avec des versements en hausse de 14% par rapport à l’année précédente et des rachats en baisse de 11%. Les ménages ne se contentent plus de maintenir leurs encours, ils alimentent activement leurs contrats pour faire fructifier leur épargne.
La remontée des taux d’intérêt redonne du souffle aux fonds en euros
Le retournement du cycle monétaire constitue l’un des moteurs principaux de cet engouement retrouvé. Les fonds en euros, qui avaient souffert pendant des années de rendements très faibles, tirent désormais profit de la remontée des taux obligataires amorcée en 2022. Les assureurs ont pu proposer des taux de revalorisation nettement supérieurs pour l’exercice 2023, annoncés début 2024, ce qui a stimulé les nouvelles souscriptions. Ces taux restent attractifs au moment où d’autres supports d’épargne réglementée, comme le Livret A, voient leur rémunération réelle s’éroder face à une inflation encore présente.
Parallèlement, les unités de compte continuent d’attirer une clientèle plus large. Avec une collecte nette record de 34,4 milliards d’euros en 2024, ces supports investis sur les marchés financiers séduisent les épargnants qui cherchent à saisir le potentiel de croissance des actions et des obligations d’entreprises. Cette appétence pour les supports plus dynamiques reflète une évolution des comportements : les ménages acceptent désormais une part de risque mesurée pour viser des performances supérieures sur le long terme.
Un canal de financement stratégique pour l’économie nationale
Les capitaux rassemblés dans l’assurance-vie ne restent pas inactifs. Les assureurs orientent ces fonds vers différents secteurs : obligations d’État, titres d’entreprises, investissements immobiliers et infrastructures. À fin septembre 2024, plus de 63% des encours étaient placés dans des titres d’entreprises (actions, obligations, immobilier d’entreprise), tandis que 23,8% finançaient les obligations souveraines. Cette allocation permet de créer un pont direct entre l’épargne des particuliers et les besoins de financement de l’économie productive.
Cette stabilité des capitaux constitue un atout majeur par rapport à d’autres formes d’épargne plus volatiles. Les sommes confiées à l’assurance-vie s’inscrivent dans une perspective de moyen et long terme, offrant aux entreprises et aux administrations publiques des sources de financement durables. Les sociétés trouvent ainsi des investisseurs patients pour soutenir leurs projets de développement, tandis que les épargnants construisent progressivement leur patrimoine. Ce mécanisme joue un rôle d’amortisseur face aux aléas conjoncturels.
L’explosion de la collecte témoigne également d’une transformation structurelle des habitudes d’épargne françaises. Face à une inflation qui, bien qu’en décélération, reste supérieure aux moyennes de la dernière décennie, les ménages privilégient des placements capables de préserver leur pouvoir d’achat sur la durée. L’assurance-vie répond à cette exigence grâce à sa flexibilité : elle permet de combiner sécurité via les fonds en euros et recherche de performance via les unités de compte, tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse après huit ans de détention.
Les plans d’épargne retraite (PER), qui s’adossent souvent à des supports d’assurance-vie, participent aussi à cette dynamique. En 2024, la collecte nette sur les PER assurantiels a progressé de 17% pour atteindre 9,9 milliards d’euros. Avec 6,9 millions d’assurés et un encours de 92,8 milliards d’euros, ces dispositifs complètent l’offre traditionnelle d’assurance-vie en répondant aux préoccupations de préparation de la retraite. Cette diversification des usages renforce encore l’ancrage de l’assurance-vie dans le paysage patrimonial français.