Après des mois de turbulences, MaPrimeRenov‘ s’apprête à connaître un nouveau tournant majeur. Dès janvier 2026, le dispositif phare de soutien à la rénovation énergétique exclura plusieurs types de travaux populaires, marquant une rupture avec l’approche généreuse des dernières années.
Un recentrage budgétaire drastique
La suppression de l’aide à l’isolation des murs représente probablement le changement le plus surprenant. Ces travaux constituaient pourtant le troisième poste le plus demandé au premier semestre 2025, représentant plus de 10 % des dossiers déposés. Qu’il s’agisse d’isolation thermique par l’extérieur ou par l’intérieur, ces interventions ne bénéficieront plus d’aucun financement public via MaPrimeRenov’ à partir du 1er janvier 2026.
Cette décision s’appuie sur une étude du Service des données et études statistiques du ministère, publiée en juillet 2025. L’analyse révèle un écart significatif entre les économies d’énergie théoriques promises et les résultats réels constatés après les travaux d’isolation des murs. Les gains effectifs atteignent seulement 3,3 MWh par an pour l’électricité et 3,6 MWh pour le gaz, bien en deçà des prévisions initiales.
Les chaudières biomasse subissent le même sort, disparaissant également de la liste des équipements éligibles pour les travaux monogestes. Seuls les poêles à bois et les inserts échappent à cette exclusion, conservant leur éligibilité au dispositif. Cette distinction technique reflète une volonté de privilégier les solutions de chauffage d’appoint plutôt que les installations principales.
Vers un dispositif plus sélectif
Au-delà des suppressions, MaPrimeRenov’ 2026 introduira des conditions d’accès renforcées. L’obligation de réaliser un diagnostic de performance énergétique avant tout dépôt de dossier prendra effet, mettant fin à la dispense temporaire accordée jusqu’en décembre 2025. Cette mesure vise à mieux cibler les interventions et à éviter les projets peu pertinents.
Les passoires thermiques classées F et G perdront également leur accès aux travaux monogestes, devant obligatoirement s’orienter vers des rénovations d’ampleur. Cette restriction s’inscrit dans une logique de cohérence : plutôt que d’autoriser des interventions ponctuelles sur les logements les plus énergivores, le gouvernement privilégie une approche globale plus efficace.
L’enveloppe budgétaire devrait rester stable autour de 3,6 milliards d’euros, mais sa répartition évoluera. La mission « Cohésion des territoires », qui englobe les crédits de l’Anah, accusera néanmoins une baisse de 900 millions d’euros selon les orientations du projet de loi de finances 2026. Cette compression budgétaire explique en partie le durcissement des conditions d’accès.
Les professionnels du bâtiment expriment leurs préoccupations face à ces évolutions. Les entreprises spécialisées dans l’isolation des murs devront réorienter leur activité ou se tourner vers d’autres financements. L’instabilité réglementaire pèse également sur la planification des chantiers et complique l’anticipation des investissements.
Paradoxalement, ces restrictions interviennent alors que les objectifs de rénovation énergétique restent ambitieux. Le secteur du bâtiment représente près de 45 % de la consommation énergétique nationale et concentre des enjeux majeurs de décarbonation. La transformation de MaPrimeRenov’ témoigne d’un arbitrage difficile entre efficacité budgétaire et soutien massif à la transition énergétique. Pour les ménages qui envisagent des travaux d’isolation des murs ou l’installation d’une chaudière biomasse, l’année 2025 constitue donc une dernière opportunité avant l’entrée en vigueur de ces nouvelles restrictions.